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Dieu est amour
30 mars 2012

Homélie 009

Homélie 09

2ème Dimanche TO/ B 

Textes : 1 S 3, 3b-10.19 ; 1 Co 6, 13b-15a.17-20 ; Jn 1, 35-42

 

                                                        Chers frères en Christ,

À la lecture des textes liturgiques de ce deuxième dimanche du Temps Ordinaire, s’il y a bien un mot qui doit retenir notre attention, c’est bien le mot vocation.

À partir des mises en scène des textes que nous avons entendus, nous pouvons dégager trois figures, trois protagonistes dans la naissance et la maturation de toute vocation : Le premier protagoniste, c’est celui qui appelle. Le second protagoniste, c’est la personne appelée, le troisième protagoniste, ce sont les accompagnateurs qui aident au discernement.

Si nous procédons par regroupement, nous avons Dieu et Jésus Christ qui appellent, Samuel, André et son condisciple et Pierre qui reçoivent l’appel, et enfin le vieux prêtre Eli et Jean Baptiste qui sont là pour aider au discernement de la vocation.

Toute vocation est un mystère qui engage Dieu et l’homme. Dieu appelle l’homme. C’est lui qui prend la libre initiative d’inviter l’homme à une autre vie, à sortir de lui-même pour se donner pour une autre mission.

Cet appel de Dieu peut être direct, c'est-à-dire prendre une forme nominale. C’est le cas que nous rencontrons dans la première lecture tirée du premier livre de Samuel. L’appel du Seigneur se fait sentir au jeune Samuel au cours de la nuit, alors qu’il était au service du temple de la ville de Silo, au temps où Eli était le grand prêtre.

Dans l’évangile par contre, il n’y a pas d’appel nominal. Comme aux jours antérieurs, Jean le Baptiste est encore au bord du Jourdain. Jésus est présenté, allant et venant, suscitant sans doute beaucoup de curieux qui observent les mouvements de cet homme qui passe son temps à se promener sur les bords du fleuve sans que l’on sache ce qu’il cherche. Mais Jean le Baptiste, lui qui le connaissait bien témoigne : « Voici l’Agneau de Dieu » (Jn 1, 36). À  l’évocation de l’identité du marcheur étrange, deux de ses fidèles disciples sont attirés par Jésus. Dieu passe ainsi par le témoignage du Précurseur, pour faire naître la vocation chez André et Jean. Tout comme il se servira d’André comme intermédiaire de sa rencontre avec Simon son frère ainé. Vocation par personne interposée, pourrions-nous ainsi dire.

L’entrevu entre Jésus et Pierre nous permet de voir trois autres facettes de la vocation : Elle est une histoire d’Amour entre Dieu et l’homme. C’est la vérité qui se cache derrière ce regard que Jésus pose sur Pierre. Tout comme il posera son regard d’amour sur le Jeune homme riche (Cf. Mc 10, 21). La vocation est aussi une mise en marche, exigeant une attitude de conversion radicale, un changement de manière d’être. C’est dans cette logique que l’on peut comprendre le changement de nom de Simon en Pierre : « Tu es Simon... tu t’appelleras Képha » (Jn 1, 42). La vocation devient ainsi une prise en possession. Dieu s’approprie celui qu’il appelle, car donner un nom à quelqu’un, où donner son nom à un enfant, c’est une manière de souligner une relation d’appartenance de celui-ci à son géniteur.

    Dieu appelle, et l’homme répond. « Parle, ton serviteur écoute » (1 S, 3, 10) : telle fut la réponse de Samuel, au terme de son expérience et de son itinéraire spirituel. André et Jean, quant à eux, entre en dialogue avec Jésus : « Que cherchez-vous ? » ; « Maître, où demeures-tu ? » ; « venez et voyez ». À cette invitation, ils le suivirent, virent où il demeurait et y restèrent avec Lui (Cf. Jn 1, 38-39). Pierre par contre ne place même pas un mot. Sa réponse ou mieux, son adhésion à l’appel du Christ consiste dans un silence éloquent. Qui ne dit mot consent. Devant le mystère d’un Dieu qui s’abaisse jusqu’à l’homme, pour l’inviter à partager son intimité, Pierre a compris que l’attitude la mieux indiquée consiste dans le silence et la méditation.

    Si Samuel, André, Jean, Pierre et bien d’autres après eux ont eu la force de répondre à l’appel de Dieu, c’est parce qu’ils ont fait une certaine expérience de la Parole de Dieu, parce qu’ils ont été portés par la foi et la confiance.

    Samuel fait confiance à la recommandation de son maître Eli, Jean et André font confiance au témoignage de Jean Baptiste leur ancien maître, Pierre fait confiance à son jeune frère André. C’est extraordinaire, cette attitude de Pierre ! Mais c’est surtout parce qu’ils étaient tous portés par une certaine quête de vérité que leur rencontre avec le Seigneur a été possible. C’est cette vérité, ce sens à la vie qu’ils vont chercher auprès d’Eli et de Jean Baptiste, qui jouent pleinement leur rôle d’accompagnateurs spirituels, dans le sens du discernement vocationnel. Si vous me suivez bien, je suis au troisième protagoniste de la vocation. Si l’on me demandait de faire un exposé sur Jean Baptiste et sur Eli, je dirais tout simplement ceci : « voilà deux grands hommes qui ont accompli avec fidélité leur mission, et ont eu l’amabilité de savoir se retirer à temps. » Il y a de quoi faire d’eux des Saints Patrons pour les accompagnateurs spirituels, et pourquoi pas, pour nos hommes d’État. Ils sont là pour aider au discernement. Et c’est ainsi qu’ils ont compris leur mission. Ainsi, Eli qui pouvait bien abuser de la naïveté et de la promptitude du jeune Samuel l’a orienté vers celui qui, en réalité l’appelle. De la même façon, Jean Baptiste ne rougira pas de devoir se séparer de ses deux disciples qui l’abandonnent pour Jésus. N’est-t-il pas celui qui plus tard se définira comme l’ami de l’époux, qui écoute la voix de l’époux et s’en réjouit ? (Cf. Jn 3, 29).

    Chers frères et sœurs, quelles figures sommes-nous dans tout ça ? Nous sommes eux tous à la fois. Nous sommes Eli et Jean Baptiste, en ce sens que nous sommes tous engagés en Église, dans la promotion et le soutien des vocations. Le Seigneur continue d’appeler dans nos familles des jeunes, des enfants à son service. Comme Eli, nous avons la charge et le devoir d’éveiller l’esprit de nos enfants, de nos jeunes à la découverte de Dieu, à l’accueil de sa Parole. Nous devons être le doigt de Jean Baptiste qui leur indique la route à suivre pour leur propre épanouissement. Notre tâche consiste à les aider à mûrir leur vocation, par notre soutien, tant matériel que moral et spirituel, et par nos conseils, plutôt que de vouloir leur imposer nos choix personnels. Imposer à un enfant ou à un jeune un projet de vie forgé selon le seul désir des parents, c’est sans nul doute créer un homme, une femme frustrés de la vie.

     Nous sommes Samuel, parce que nous sommes tous bénéficiaires d’une vocation, de par notre condition humaine. La création de l’homme est assortie d’un mandat, d’une mission, d’une vocation. Être l’économiste de la création, c'est-à-dire prendre soin de la gestion du monde: Peupler la terre, l’habiter, gouverner toutes les autres créatures.

    La vocation n’est donc pas forcément liée à l’être chrétien. Pour un artiste musicien qui a du mal à chanter on dira par exemple qu’il n’a pas la vocation d’artiste. Et c’est la même chose pour ceux qui cherchent désespérément à s’accrocher à une carrière où ils ont visiblement du mal à s’épanouir.

       Mais la vocation est aussi authentiquement chrétienne. Avec l’avènement de Jésus Christ, Fils de Dieu, la vocation de l’homme trouve sa plénitude. En vertu de notre Baptême dans la Mort et la Résurrection du Christ, nous somme devenus une propriété de Dieu. Nous sommes donc aussi Simon-Pierre, parce que nous appartenons désormais au Seigneur, comme l’affirme Saint Paul dans la seconde lecture, nous sommes membres du corps du Christ. Cette incorporation au Christ est la source d’un devoir moral qui nous engage à la pureté du corps.

       Nous sommes André et Jean: La vocation chrétienne  est  un appel à accueillir la vie de Dieu en vivant dans son intimité, à nous laisser inonder par sa grâce, afin de pouvoir la partager au monde, c'est-à-dire, être signe vivant du Royaume des cieux parmi les hommes.

L’accueil de cette vocation consiste avant tout à  prendre en main  notre existence, de chercher ce qu’en attend le Christ, ce qu’en attendent les hommes et d’y répondre dans un don total de soi. Ces appels du Christ et des hommes qui se font sentir dans notre vie consistent dans des exigences de grandeur humaine, d’amour vrai et de service.

Si en parlant de vocation on pense automatiquement au sacerdoce ministériel et à la consécration religieuse ou catéchistique,  il faut aussi reconnaître que la vie conjugale, constitue une vocation, dans ce sens que la grande aventure de la vie humaine, c’est de devenir capable de se donner et de trouver celui ou celle à qui unir sa vie, à qui vous  attacher et avec qui devenir une seule chair,  car fonder une famille revient à proclamer que notre vie nous est donnée par amour et que notre plus grande tâche terrestre est d’apprendre à aimer en vérité, à travers nos forces et aussi nos faiblesses. Vivre et exister dans une famille est sans doute un don gratuit de l’Amour du Seigneur, mais aussi une responsabilité, une mission, un ministère pour la vie. 

Le service du Royaume passe également par l’accomplissement des tâches quotidiennes vécues comme un service total des autres.

    Chers frères et sœurs, nous sommes André, car nous avons la chance d’avoir trouvé Jésus (ou plutôt nous avons été trouvés par Jésus). Et cette rencontre d’amour nous investit d’une mission, celle d’annoncer la Bonne Nouvelle du Salut, qui nous engage à partager avec les autres la vie nouvelle révélée dans le Christ, en étant sel, lumière et levain pour nos contemporains (Cf. Mt 5, 13-16 ; 13, 33). Prions donc les uns pour les autres, prions pour tous ceux qui œuvrent à l’éveil des vocations, prions afin que l’Amour du Seigneur continue de changer notre cœur, et nous rende disponibles à accueillir son appel, d’y répondre de tout cœur, sans réserve, aujourd’hui et pour les siècles des siècles.

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