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Dieu est amour
30 mars 2012

Homélie 011

Deuxième dimanche de carême B/

Gn 22, 1-2.9a.10-13.15-18 ; Rm 8, 31b-34 ; Mc 9, 2-10

Chers frères et sœurs en Christ

La transfiguration sur la montagne, dont nous avons écouté le récit, se situe à un moment crucial de la vie de Jésus, à une période de confusion et de découragement : ses discours désormais créent la polémique ; le conflit avec les chefs du peuple devient de plus en plus manifeste et les foules commencèrent à le déserter graduellement, jugeant ses prédications parfois trop solides à digérer.

Alors que s’approchent ses derniers jours, Jésus s’attache à préparer ses disciples à affronter avec foi et courage les événements qui couronneront son parcours terrestre, en leur disant ouvertement : « Le fils de l’Homme doit beaucoup souffrir, être rejeté par les chefs des prêtres et les scribes ; être tué, et, après trois jours ressusciter » (Mc 8, 31).

Le grand mystère que nous sommes amenés à contempler dans la liturgie de ce dimanche, a eu lieu six jours après cette annonce. Ce jour là, Jésus se retira dans la montagne, avec Pierre, Jacques et Jean. Sous leurs yeux, Jésus devient resplendissant d’une lumière étincelante et ses vêtements d’une blancheur que nul sur terre n’a jamais pu imaginer.

A travers la Transfiguration, Jésus révèle sa véritable identité à ses disciples, en leur donnant de contempler pour un instant sa gloire divine, confirmant ainsi la confession de Pierre: « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Tout comme cette confession de foi de l’apôtre, la transfiguration nous place devant la relation d’amour et d’unité intime et précieuse que Jésus  entretient avec Dieu: un rapport non seulement de fils, mais surtout de fils bien-aimé.

Comprise dans le sens des annonces de la Passion, la scène sur la montagne est pour les disciples et pour nous une annonce et une invitation à la confiance, que le Christ transfiguré est en même temps celui qui dans quelques jours sera défiguré par les tourments de la souffrance. Mais il est déjà et demeurera le Christ glorieux, vainqueur du mal et des ténèbres.

Devant le spectre de la mort que les disciples voyaient déjà se dresser devant leur maître, la transfiguration devient alors pour eux un moment de consolation, en projetant un éclairage nouveau sur le parcours du Christ, et aussi sur ce qui l’attend. Le message de cet événement important dans leur cheminement spirituel est bien clair : Même si un jour vous me voyez défiguré, frappé, humilié, tué, sachez que je suis toujours le fils bien-aimé qui donne sa vie par amour, conformément aux écritures.  

Dans ce sens, la présence de Moïse et d’Elie n’est pas anodine. Moïse et Elie sont deux icônes de la religion juive, deux amis de Dieu qui ont contemplé la gloire et la majesté de Dieu, deux hommes qui portent à eux seuls tout le poids de l’histoire de leur peuple. Si la loi juive est étroitement liée au nom et à la personne de Moïse, cet homme qui parlait avec Dieu face à face, Elie quant à lui était considéré comme le prophète par excellence, l’homme de feu, la figure mystérieuse qui doit revenir aux jours du Messie pour tout remettre en place. La tradition disait qu’il n’était pas mort mais qu’il avait été enlevé au ciel. La présence de ces deux figurent emblématiques du judaïsme constitue d’une part une attestation, une authentification de la mission de Jésus comme s’inscrivant dans la droite ligne de l’histoire du salut. D’autre part,  elle annonce que cet homme transfiguré est bien le messie dont la loi et les prophètes ont annoncé et préfiguré les souffrances.

Alors que les chefs du peuple le traitaient comme un contestataire, un schismatique, un contrevenant à la loi, un imposteur et un délinquant,  ce sont les deux piliers les plus officiels de la tradition juive qui sont ici témoins et associés à cette rencontre au sommet. Désormais, ils contemplent la gloire de la divinité en Jésus de Nazareth, venu non pas abolir la loi et les prophètes, mais les accomplir, leur donner un sens nouveau au feu du commandement de l’amour. Il est l’homme de la promesse, le messie annoncé, le fils éternel, rayonnant de la gloire qu’il tient d’auprès de son Père comme fils unique certes, mais aussi il agit dans la figure du serviteur de Dieu, dont le destin est fondamentalement lié à la souffrance.

Chers frères et sœurs, la lumière de la transfiguration éclaire la vie de Jésus certes, mais elle éclaire aussi chacune de nos vies. En elle, nous avons un avant goût de tout ce que Dieu en Jésus Christ réserve à toute l'humanité assumée et régénérée par le mystère de son Incarnation et de la Rédemption.  Elle est donc le gage de notre propre résurrection, quand le Christ ressuscité transformera nos pauvres corps mortels pour les conformer à son corps de gloire (Cf. Ph 3, 21). 

Dans le Ciel, la vision béatifique de la Gloire de Dieu dans le Christ et l’entrée dans cette gloire sont réservées à tous ceux et celles qui, durant leur vie sur terre, auront découvert en Jésus, toute la gloire de la divinité. Mais avant, nous sommes appelés à être transfigurés, transformés et purifiés dès ici bas, au milieu de nos sociétés.

Cela n’est possible que si nous écoutons ce fils bien-aimé nous parler chaque jour. La voix du Père est là, hier, aujourd’hui comme demain, qui ne cesse de nous y inviter : “De la nuée, une voix se fait entendre : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le”. Tout est là, contenu dans cette voix du Père. Il nous faut écouter la Parole, cette Parole incarnée qui donne vie et joie, mais qui dérange notre quiétude. Le Dieu caché n’a rien d’autre à nous offrir que ce Fils bien-aimé, sa Parole vivante. Alors écoutons-le. Que nous dit-il ? Il nous invite à redescendre de la Montagne pour aller dans la plaine, le milieu de vie des hommes, car c’est bien dans l’exercice consciencieux de nos tâches quotidiennes que se joue notre transfiguration future. Alors que nous aimerions parfois rester figer dans les instants de joie et de bonheur de notre vie, alors qu’avec Pierre nous sommes tentés de dire : “Seigneur, il est heureux que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes”, le Seigneur tourne nos yeux vers la vie ordinaire, même si parfois elle est monotone, même si parfois elle manque de saveur, de rythme, même si parfois elle est pour nous source d’angoisse. C’est là que nous sommes appelés à vivre l’évangile, à annoncer ce que nous aurons entendu du Christ. Nous sommes appelés à témoigner de notre foi dans un monde de plus en plus hostile à tout ce qui est parole de l’Eglise.

Ecouter ce fils bien-aimé, c’est entendre son appel à l’aventure de la foi. Combien d’hommes et de femmes se sont mis en marche en ayant entendu une parole qui a percuter leur cœur ? Notre vie de croyant est à l’image d’Abraham, ce grand marcheur vers un inconnu, poussé par le sentiment de prendre un chemin qui le conduira vers une terre de paix et de joie. Par deux fois il dira « me voici », même quand il lui fallait opérer le choix déchirant : immolé son fils unique bien-aimé. Nous aussi, sommes embarqués dans l’aventure de la foi avec ce Dieu qui n’a pas épargné son fils pour nous, parce que nous avons répondu « me voici », et à chaque foi que nous pouvons redire un « me voici » supplémentaire, dans des conditions parfois contraignantes pour nous-mêmes, et pour nos proches, nous faisons un pas de plus sur le chemin. Alors bienheureux celui qui a un cœur disponible pour entendre la Parole et les appels de Celui qui veut notre bonheur, même au risque de tout perdre : famille, amis, profession, estime des autres, etc. Ecouter la Parole et la mettre en pratique coûte en effet cher car elle signifie : renoncer, aimer, pardonner, perdre, tout quitter, bref, souffrir.

Pierre s’était indigné contre l’idée de la souffrance et de la mort du Christ, et Jésus l’a rabroué vigoureusement. Pierre n’a fait peut être qu’exprimer la réaction secrète, inavouée, de bien des chrétiens quand ils prennent conscience de la réalité de la Passion du Christ. Sans compter que Jésus ajoute que nous devons tous passer par là. Comme Pierre nous avons souvent du mal à reconnaître que le chemin de la gloire puisse passer par la souffrance. Nous refusons  de suivre ce chemin parce que nous avons peur de la croix. Et pourtant la condition posée par le Seigneur à ses disciples est là: “Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il porte sa croix et me suive”. L’Evangile de ce jour nous invite à le reconnaître : à l'image du Christ, nos vies sont des montées vers Jérusalem, et vers la gloire,  nos vies sont des chemins de croix : C’est par bien des épreuves qu’il nous faut entrer dans le Royaume de Dieu.

Alors, frères et sœurs, écoutons ce fils bien-aimé qui nous demande de dépasser toute peur et toute hésitation dans nos engagements et nos décisions, même si nous allons à contre-courant, car “si Dieu est avec nous qui sera contre nous?” Marchons à la lumière du Transfiguré vers la joie de sa pâques, dans la foi et la magnifique certitude que “rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu, qui est en Jésus Christ notre Seigneur!”, lui qui s’est livré en sacrifice pour nous. Ce n’est ni les souffrances, ni la détresse, ni l’angoisse, ni le dénuement qui pourra nous en séparer, qui détruira la marque du Christ sur nous. Et lorsque le découragement voudra nous abattre, sachons trouver des moments de prière et d’intimité avec Jésus transfigurer, pour y puiser la force de cheminer dans la foi et la confiance avec le Christ.

Que l’Eucharistie de ce jour nous donne la force et le courage nécessaires pour marcher toujours à la suite du Christ, pour porter nos croix quotidiennes à sa suite, afin de parvenir avec lui, à la gloire de la résurrection. Lui le vivant qui nous aime, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

 

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