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Dieu est amour
14 avril 2012

Dii Alfred Simon Diban KI-ZERBO

 

S'il y a un illustre nom qui aura marqué de façon particulière l'évangélisation de la Haute Volta (actuel Burkina Faso), c'est bien celui de Ki-Zerbo[1] Simon Diban. son engagement et au dévouement au service de l'évangélisation a fortement contribué à l'avancée de la Bonne Nouvelle dans sa patrie. affectueusement appelé Dii (Père en langue san, sa langue maternelle), ce patriarche, car c'est bien en définitive ce à quoi se réfère cette appelation, n'aura que mérité de tenir ce surnom qui lui est reté comme un titre personnel. l'auteur du présent article propose à ses lecteur d'aller à la découverte du Dii à travers sa vie et son oeuvre.

1)      Chronologie de sa vie

Diban Ki-Zerbo est né vers 1875 à Da (près de Tougan), pays du groupe des Samos, dans le territoire de l’actuel Burkina Faso. Fils de Founi et de Bonlènè, il est deuxième d’une famille de six enfants.

Vers 1895, il va, avec son frère cadet, travailler dans les champs d’un oncle et c’est là qu’il est arrêté par des inconnus et vendu, à Kabara au Sud de Tombouctou, à Bourdamou. Il s’occupera des bêtes de ce dernier.

Après deux tentatives infructueuses d’évasion, il va finalement y parvenir après les encouragements d’une « belle jeune femme pleine de lumière » qu’il reconnaîtra dans l’église de Ségou où il est conduit en 1899.

Il est associé aux travaux de construction et apprend aussi le catéchisme. Il est baptisé le 6 mai 1901 sous le nom de « Alfred Simon », à Ségou, et fut associé à la mission avec des Pères Blancs.

En 1916, pendant la guerre, à la fuite des Pères à Ouagadougou, il lui fut confié la mission de Toma, bâtiments et fidèles. Il accomplit tant les activités religieuses que beaucoup d’autres encore.

En 1975, il fait un pèlerinage au Vatican. Le 5 mai, le Pape Paul VI le reçoit et le fait asseoir sur son trône papal. Il lui confère la médaille de Chevalier de l’ordre de Saint-Sylvestre.

Il meurt à Ouagadougou le 10 mai 1980, au moment où le Pape Jean Paul II donne la bénédiction finale d’une messe célébrée lors de sa visite au pays. Alfred Simon l’avait suivi par la radio.

 

2)      Expérience spirituelle fondamentale

Alfred Simon a fait l’expérience d’un Dieu libérateur, celui pour qui tout est possible et à qui on doit complètement faire confiance. C’est ce Dieu, était-il convaincu, qui a rendu possible la réussite de son évasion et qui l’a toujours mis à l’abri face à l’adversité de certains de ses détracteurs. A ses parents, par exemple, qui lui demandent de fuir la mission de Toma, il répond : «  Allez ! Dieu est grand ! Je ne puis abandonner tout cela. Dieu est grand. Il me sauvera ! » Homme de prière et de foi, il se disait : « grâce à mon travail, Dieu m’a comblé de Bien ».

Aussi, son rapport avec le Christ se déploie dans sa forte spiritualité mariale. Confié à la Vierge au sortir de sa captivité par les Pères Blancs à Ségou, il l’adopta pour mère et ne se lassait pas de faire recours à elle à toute circonstance. Jusqu’aux derniers moments de sa vie, il ne se séparait presque jamais de son chapelet. 

Avec les Saintes Ecritures, il avait un rapport global, familier et préférentiel. En tant que catéchiste, il les méditait et les enseigne aux autres fidèles. Il cherchait toujours à conformer sa vie aux commandements et y invitait aussi ses proches. Quant à l’Eglise, il éprouvait une profonde révérence pour ses pasteurs envers qui il manifestait beaucoup d’affection et de respect. Non seulement bâtisseur des églises au Burkina-Faso et en Gold-Coast, actuel Ghana, il fut aussi grand défenseur de l’Eglise face aux menaces répétées de destruction des missions et d’attaques des missionnaires.

Pour Dii Alfred, c’est certain : Dieu est aux commandes du monde. Il sait que c’est lui qui rend possible tout ce qui peut advenir et que rien ne peut arriver qui soit contraire à sa volonté. C’est pourquoi il ne visitait pas et n’aimait pas les talismen et ne ménageait pas d’effort à aller contre les coutumes contraires à l’Evangile selon le témoignage Adèle Paré

 

3)      Itinéraire personnel

C’est l’expérience de la liberté retrouvée après la captivité en terre étrangère qui fut déterminante dans l’itinéraire spirituel de Dii Alfred Simon. La rencontre des Pères Blancs à Tombouctou et surtout l’identification de la femme mystérieuse qui l’avait encouragé dans son projet d’évasion sous une statue de la Vierge scelleront ses convictions. Son statut de premier chrétien de son pays ne fera que le conforter et l’affermir dans sa foi qu’il maintient en éveil jusqu’à sa mort. Resté très attaché à l’Eglise après sa sortie de captivité, il est devenu élève catéchiste après son baptême, puis auxiliaire de mission pour les Pères Blancs avant de devenir une véritable pièce stratégique pour l’évangélisation du Burkina-Faso.

 

4)      Dimension socio-ecclésiale

Peut-on dire que Dii Alfred Simon avait conscience de sa vocation-mission dès son baptême ? Il est difficile de l’affirmer. On notera tout au moins que son désir et son enthousiasme d’aller fonder à Ouagadougou était motivés par le fait que cela lui  permettrait de reprendre contact avec les siens. Il est cependant certain que c’est avec le temps, sa participation, et son rôle de plus en plus important du fait de son grand zèle qui lui donnent la pleine conscience de sa vocation. On ne peut certes pas dire avec exactitude quand et comment il a perçu sa vocation, mais on peut néanmoins dire qu’il n’a pas été insensible aux Paroles du Père Ficheux qui, lui adjoignant le prénom de Simon à celui d’Alfred qu’il portait déjà, affirmait : « j’ajoute le nom Simon à celui d’Alfred, à cause de ton cœur, de ta foi et de ton courage ! Car je vois que sur toi on peut construire une Eglise solide ».

De fait, la mission de Diban Ki-Zerbo a été d’implanter la foi et l’Eglise dans son pays natal. Mgr Zéphirin TOE [2], reconnut, à sa mort[3], qu’il fut « le chef de file de cinq cent mille baptisés, cofondateur de toutes les églises de la région ».Catéchiste infatigable, il prêchait par la parole et par le témoignage de vie de telle sorte que sa renommée traversa les frontières de l’Eglise. L’affluence, même des non-chrétiens,  à ses obsèques en est une parfaite illustration.

Homme pieux et vertueux, c’est dans la prière qu’il trouvait les ressources pour son ministère : « j’ai toujours trouvé un grand réconfort, disait-il, dans la prière. La prière est comme la respiration et le repas du chrétien ». Il  ne manquait cependant pas de charité si tant il est vrai qu’il se dévouait lorsque ses forces lui permettaient à visiter les malades.

Disons simplement que Dii Alfred Simon Diban KI-ZERBO s’est acquitté de sa mission de « guide » (signification de son nom de famille), avec une entière fidélité et surtout avec une très grande confiance en Dieu, malgré les adversités. Il est resté constant dans sa foi et exemplaire dans sa manière de vivre.


Abbé Elie Telia KOUSSOUBE

Curé de la Paroisse Notre Dame de l'Assomption de Tougan


Note

[1] Diban est le premier à avoir conjugué et porté en même temps deux patronymes. KI signifie chef, et ZERBO, celui qui trace la route, le guide, l'éclaireur. ce nom renferme toute la richesse et tout le sens de la vie de cet Homme de Dieu qui aura été un modèle de fidélité au message évangélique.

[2] Monseigneur Zéphyrin TOE, admis à la retraite en 2005, est le premier évêque du diocèse de Dédougou, crée en 2000. Mais il est en même temps le deuxième évêque de l'ancien diocèse de Nouna Dédougou, dont la subdivision à donné lieu à la création des diocèse de Nouna et de Dédougou. Il s'est impliqué durant tout son épiscopat dans l'instruction et l'avancée du procès de béatification du patriarche.

 

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