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Dieu est amour
30 mars 2012

Ciquième station

Bien curieux ce passant qui revenait de ses champs

Un petit détour curieux pour se délasser

Simple passant, personne honnête

Qui ne cherche pas d’histoire peut-être

 Bienheureuse curiosité

 Les soldats l’interpellent et lui fait semblant

 Fait semblant de ne rien entendre

 Il garde l’air de ne rien comprendre

 Le temps de prendre la fuite

 Devant les soldats romains

 Et surprise

 On l’attendait juste là derrière lui

 Que me voulez-vous ? Je n’ai rien fait

 Tu n’as rien fait Simon, mais ils te feront faire quelque chose

 Quelque chose de grandiose que tu ignore

 Simon approche de la foule paniqué et tout tremblant

 Il découvre l’horreur, à ses pieds

 Le supplicié pose sur lui un regard de supplication

 Grand inconnu, il implore son aide et son secours

 Tends-moi la main avant que je ne cède sous le poids du fardeau

 Les yeux encore nettoyés par la poussière

 Simon avance ; retrousse ses manches

 Ceint les reins et sa générosité s’exprime

 Il s’agrippe à la croix

 Le supplicié sent le poids du soulagement

 La foule le regarde faire et se dit

 Bientôt il sera las et on verra

 Le cortège se remet dans le sens de la marche

 Bienheureuse curiosité, Simon

 Qui t’a valu de porter la croix du Christ à sa suite

 Toi l’heureux inconnu

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30 mars 2012

Quatrième station

Moments de compassion et d’intense émotion

Le silence de nouveau se fait maître de tous les bruits

La route admire, attentive, elle observe

Et le soleil soudain fait une halte, curiosité oblige

Moment de compassion et de communion

Une femme est là qui se tient en face

Les yeux embués de larme

Et le visage souriant de douleur

Entre deux mains tremblantes

Deux mains qui implorent le ciel

La femme regarde le fils

Et le fils regarde la mère meurtrie au fond d’elle-même

La femme qui se demande quel rôle

Je joue ici à regarde mon fils souffrir

L’unique enfant que j’ai, sous mes yeux mourir ?

Un flot de larme égare son esprit et jette son cœur dans l’agonie

La voix noyée dans la douleur se fait bien frêle

Fils, prend courage et garde la foi en l’Eternel

Car c’est là que se joue entre toi et le Diable le duel

Pour l’instant tu flâne encore dans le vide et la détresse

Mais Dieu seul sait qu’à la fin toi tu l’emporteras

Mère merci pour l’amour maternel

Amour que tu m’as toujours porté comme en cette heure décisive

Certaines ont abandonné leurs enfants

Leurs fils et filles dans les vagues de la souffrance

Mais toi tu es là et ta présence relance ma marche vers la gloire

Il puise dans ce regard de mère

La force d’un nouveau pas

La laisse figée là et passe

Mais pourra-t-il marcher jusqu’au bout ?

30 mars 2012

Troisième station

Innocente poutre arrachée à la terre

À la terre sa mère son lieu d’épanouissement

Bois insolemment taillé à la hâte

Triste et sombre poteau qui se dresse devant lui 

Il ferme les yeux devant le bois, et tend les mains

Comme un fiancé accueille sa fiancée et lui murmure :

« Bois que j’ai travaillé tu m’es familier

Ton parfum de bois vert me remonte aux sens

Me ramène les joies et peines de mon enfance

De mon enfance à  l’atelier de charpenterie »

Il s’abaisse et blottit le bois contre son épaule

Qui veut aller loin ménage sa monture

Premier pas de géant, acclamation de la foule en délire

Un second pas et lancée la longue file de la procession

Funeste cortège arpentant les rues de la Ville Sainte

Une foule de badauds se déchaine

Un ramassis de curieux accoure de partout

L’homme monte pas à pas les marches de la mort

L’épaule meurtrie sous le poids du bois

Gémit de douleur et se plaint

Elle laisse couler un ruisseau de sang

Qui se mêle à la sueur et la sève du bois vert

Mais plus la marche dure et plus les forces l’abandonnent

Les genoux fléchissent

Le corps imbibé de son propre sang

Et le corps couvert de crachats c’est le comble de l’humiliation

 Bascule et implore l’hospitalité  de la terre sa mère

 Un genou à terre la poussière se lève et inonde ses yeux

 Il se relève et redresse la tête : un autre pas est-il possible ?

 Dieu seul sait

 La foule se tait un instant et l’observe

30 mars 2012

deuxième station

Premières lignes de ce feuilleton

 

 Que Dieu ouvre mon cœur au mystère

 Du plus grand procès de l’humanité

 Chef d’inculpation :

 Délinquance, incitation à la révolte, sectarisme et immoralité

 Pilate présente le condamné au dallage

 Au regard d’une foule d’hilares

 Voici l’homme ! Muet comme une carpe

 Tel un agneau qui ne sait pas ce que l’on lui réserve

 Il se tient là ! Devant le verbiage et les vociférations

 De la foule acquise à la cause de l’hostilité

 Voici l’homme ! Pris au piège de la confiance

 Confiance éprouvée au feu de la trahison

 Le peuple lui préfère un bandit des grands chemins : Barrabas  

 Et le peuple réclame à cor et à cri son sang

 Qu’il retombe sur nous et sur la tête de nos enfants

 La tête baissée, il observe, impuissant

 Mille et un regards qui respirent et reniflent la violence

 Tel est l’homme, abandonné de tous

 Suppliant le Seigneur pour qu’il lui vienne très vite à la rescousse 

 Mais il n’y a qu’un silence

 Un silence effroyable qui inonde l’âme en peine

 Le cœur rouge de peine le gouverneur veut le relaxer

 Mais Pilate panique, prend peur et recule

 Devant la force des manifestants

 Il préfère les honneurs de l’amitié d’un mortel

 Que d’entrer dans les bonnes grâces de l’Eternel

  Et il s’enlise dans une neutralité coupable 

 Le tocard se lave les mains, jette l’eau sur les tisons

 Et se prend pour un innocent et pourtant…

 Puis il leur présente l’homme : son sort était scellé !

 Voici l’homme ! Sur sa joue coule un petit ruisseau

 Un petit ruisseau contenant le déshonneur d’un crachat

 Voici l’homme ! Ridicule roi

 Couronne d’épines manteau de pourpre et roseau à la main

 Outrage, déshonneur et calomnie seront bientôt son breuvage

 Breuvage d’amertume qui coulera sur son cœur de supplicié

 Déjà on lui présente le bois de son supplice.

30 mars 2012

Première station

Il est près de minuit
Et le Mal menace dans l'ombre
Sous le clair de lune
Il voit une vision qui lui fige le cœur
Il essai de crier
Mais la terreur s'empare du son de sa voix avant qu’il ne l’exprime
Il  commence à geler
Alors que l'horreur le regarde droit dans les yeux
Il est paralysé  
Il entend gémir les feuilles mortes

Des oliviers sous de lourds et pressés pas
et se rend compte qu'il n'y a nulle part où s'enfuir
Il sent la main froide et moite du traitre d’ami sur son corps
Et se demande s’il reverra le soleil
Il ferme les yeux le cœur contristé
Espérant que ce ne soit juste que son imagination
Mais Ils sont sortis pour l'avoir,
Les ennemis l'encerclent
Ils le ligoteront, sans que personne puisse lui porter secours

Le diable, une bouteille de champagne à la main, se tient à l’écart

Il observe, le cœur bien satisfait et fredonne victoire

Simon, ranges ton épée !

Ton Seigneur n’en a pas tant besoin que de ton réconfort !

Mais ils sont où, ces disciples les plus fougueux

Qui une heure plus tôt juraient de donner leur vie pour et avec lui ?

Où, Simon Pierre qui a jurer

Sur son honneur et l’orgueil

D’être le seul qui tiendrait au moment décisif ?

Ils sont partis, chacun cherchant à sauver sa peau

Et ils l’ont ainsi emmené, sur les routes de la douleur par une nuit d’angoisse

Seul, abandonné de tous, il subira les outrages de la vie et tout son rudiment

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30 mars 2012

Introduction

Introduction à tout le chemin de croix 

 

Parabole de larmes et de sueur

 Écrite dans les rues  de Jérusalem

 Des milliers de personnes

 Sur le sentier de la tragédie

 Milliers de sourires et de souvenirs douloureux

 Qui s’épanchent sur un trajet où la poussière se mêle de sang

 Depuis le conseil d’un Sanhédrin 

 Métamorphosé en juge et parti

 Sous la houlette de la hargne du sinistre Grand-Prêtre Caïphe

 À l’injuste et unilatérale tribunal du cinique Ponce Pilate

 Déluge de pleurs, clameur et acclamation

 Sur la voie qui mène au Golgotha

 Où le condamné dût lui-même porter sa croix

 Dans les flots de la calomnie et des crachats.

 Route de souffrance et de détresse ce jour là !

 Chemin de la gloire du ressuscité aujourd’hui

 Nous te parcourons avec confiance et dévotion

 Nouvelle ardeur spirituelle, loin des vociférations hargneuses de ce jour-là

 Nouvelle marque d’amour pour suivre le Sauveur

 Sur les stations de sa Passion rédemptrice.

 

Abbé Dieudonné DOMBA Diacre

30 mars 2012

Homélie 14

5ème Dim/Carême B

Jr 31.31-34; He 5.7-9; Jn 12.20-33

C’est pour nous que le Christ a souffert ; il nous a tracé le chemin pour que nous allions sur ses traces. Insulté sans rendre l’insulte, maltraité sans proférer de menaces, il s’en remettait à celui qui juge avec justice. Par ses blessures nous sommes guéris (1 P 2, 22+).

Bien aimés frères et sœurs  en Christ,

Pour notre partage de ce jour, j’ai choisi de parler de trois choses : d’abord l’alliance, ensuite le cri de Jésus, et enfin l’heure de Jésus.

L’ALLIANCE, qu’est ce que c’est ? Par alliance, on entend la libre initiative de Dieu de venir à la rencontre de l’homme pour lui proposer son Amour et sa vie. L’Ancien Testament fait mention de plusieurs Alliances de Dieu avec les hommes. L’Alliance avec Adam, basée sur le repos du septième jour, l’Alliance avec Noé symbolisée par l’arc-en-ciel, l’Alliance avec Abraham symbolisée par la circoncision, et l’alliance au le Sinaï avec le peuple entier et dont les clauses sont consignées sur les tables de la Loi, les dix commandements. C’est avec les prophètes du sixième siècle avant Jésus Christ que l’idée d’une Alliance Nouvelle va voir le jour, mais l’expression « Alliance nouvelle » n’apparaît que chez le prophète Jérémie, qui en donne les caractéristiques essentielles : «Je mettrai ma Loi au fond de leur être, et je l’écrirai sur leur cœur, tous me connaîtrons, des plus petits jusqu’aux plus grands, je vais leur pardonner leurs crimes et ne plus me souvenir de leur péché (Jr 31, 33-34). Cette Alliance nouvelle est avant tout l’œuvre de l’Amour et de la grâce de Dieu qui reste fidèle à sa parole et à sa promesse, malgré les multiples infidélités et les trahisons du peuple, qui ont contribué à créer une crise de confiance entre lui et son Dieu. Elle repose sur l’idée du Serviteur de Yahvé, dont les souffrances et l’obéissance ont valeur de justification. Ce sont nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé… le châtiment qui nous rend la paix est sur lui et dans ses blessures nous trouvons la guérison (Is 53, 4-5). Ce Serviteur chanté par Isaïe, s’est manifesté dans la personne de Jésus de Nazareth.

LE CRI ET LES LARMES DE JESUS : Par l’incarnation, Dieu s’unit de façon définitive toute l’humanité, en prenant chair de la Vierge Marie. Il est venu habiter parmi les hommes, afin de mieux leur communiquer sa grâce. En Jésus Christ, Dieu n’est plus cet être étranger à l’homme, mais il est Dieu venu marcher sur nos routes, partager notre condition humaine. Il est le Dieu avec et parmi les hommes. La personne de Jésus est donc le lieu de la rencontre amicale de Dieu avec l’homme, où la volonté de l’homme correspond à la volonté de Dieu, et dans laquelle la volonté de l’homme sait faire place à celle de Dieu.

En nous parlant du cri et des larmes de Jésus, l’auteur anonyme de l’épître aux hébreux attire notre attention sur la fidélité de Jésus à la volonté de son Père, au moment les plus douloureux de sa vie. En même temps, il insiste sur sa vraie nature humaine. Et comme tout homme normal, Jésus est troublé face à la mort. Cependant le cri et les larmes de Jésus ne sont pas un cri et des larmes de désespoir. Il y a en effet des cris et des larmes de supplication. On peut crier son indignation, son incompréhension ; on peut crier à l’injustice, on peut crier son innocence. Le cri de Jésus est tout cela à la fois. Il se sent seul face à la mort, abandonné de tous, même Dieu. Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? (Mc 15, 34). Mais le cri de Jésus est aussi et avant tout un cri d’abandon à la volonté de son Père: Père, non pas comme je veux, mais comme tu veux; Père en tes mains, je remets mon esprit. (Mt 26, 39 ; Lc 23, 46). Cri de confiance enfin ; cri de confiance que ce Dieu resté tout ce temps silencieux voit bien le prix de ses souffrances et de sa mort : sa mort a valeur de rachat et de salut de toute l’humanité (He 5, 10). C’est cette même idée qui conduit l’évangile de ce jour qui nous parle de l’heure de Jésus.

L’HEURE DE JESUS : Jésus est face à la mort. Chez saint Jean ce passage tient lieu d’annonce de la passion. L’heure de Jésus est enfin arrivée, l’heure de la reconnaissance de sa messianité universelle : les grecs veulent voir Jésus, c’est le signe que désormais c’est humanité entière qui est concernée par le salut de Dieu. Des grecs veulent voir Jésus. C’est aussi l’indice de l’approche de son heure, cette heure tant attendue, parce que heure de la glorification, mais aussi l’heure tant redoutée, quand on sait que cette glorification doit emprunter le chemin de la croix, de l’épreuve de la torture et de la mort : Maintenant je suis bouleversé, dit Jésus ? Que puis-je dire ? Père délivre moi de cette heure ? Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci (Jn 12, 27).

À l’image du grain de blé qui ne porte du fruit que quand il meurt en terre, il faut bien que Jésus lui aussi soit anéanti, afin de réaliser l’œuvre pour laquelle il est sorti : le salut de l’humanité et le rétablissement de l’Alliance Nouvelle et Eternelle en son sang qui nous introduit dans la gloire et dans la Joie du Père : Et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi les hommes (Jn 12, 32).

Chers frères et sœurs, la bonne nouvelle nous est donnée aujourd’hui. La mort de Jésus sur la croix, comme le symbole du grain de blé nous ouvre l’espérance du salut, cette espérance qui ne déçoit pas, parce que l’Amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous est donné (Rm 5, 5). Jésus est mort afin de nous rétablir dans l’amitié et dans l’amour de Dieu miséricordieux. Il nous ouvre les sources vives de la grâce. Il nous revient de savoir y puiser les forces pour mener notre vie de façon à nous en rendre dignes. Et cela, nous ne saurons le faire que si nous écoutons parler en nos cœurs la loi nouvelle inscrite au fond de nous-mêmes. Le Seigneur en avait fait la promesse par la bouche des prophètes : Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau…Je mettrai en vous mon esprit et je ferai que vous marchiez selon mes lois (Ez 36, 26-27). En Jésus Christ il l’a réalisé pour nous, pour qu’en restant à l’écoute de cet Esprit, nous vivions selon la loi nouvelle de la liberté et de l’Amour, l’Amour de Dieu et l’Amour du prochain. Saint Paul nous le rappelle : En vue du jour de votre délivrance, vous avez reçu en vous la marque du Saint Esprit de Dieu : ne le contristez pas. Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse, pardonnez-vous les uns aux autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ (Ep 4, 30-32). La parole de Dieu de ce jour nous met donc en route, nous invitant à revoir la qualité de notre relation avec Dieu, surtout dans les moments difficiles de notre existence. Oserons-nous faire face aux épreuves de la vie comme le Christ, ou alors, allons-nous adopter des comportements de démission, de lâcheté, comme des hommes qui n’ont point d’espérance ? C’est par bien beaucoup d’épreuves qu’il faut passer pour entrer dans le Royaume de Dieu (Ac 14, 22). Ce n’est pas un esprit de peur qui nous a été donné, mais un Esprit qui fait de nous des enfants de Dieu, confiants que malgré les épreuves et les difficultés de cette vie, malgré tout ce que nous pourrons endurer, malgré les calomnies le rejet et l’indifférence des hommes, le mal, la souffrance, le péché et la mort n’auront pas le dernier mot sur nous, si notre vie reste greffée sur Jésus notre modèle qui, sur la croix nous fait signe d’avancer : Si quelqu’un me sert, dit le Seigneur, qu’il me suive, et où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera (Jn 12, 26). Fixons donc les yeux sur lui, notre modèle de foi, d’endurance et de persévérance, afin qu’il nous attire tous ensemble à la joie éternelle du Père qui nous aime, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen

30 mars 2012

Homélie 013

3ème Vendredi/Carême B/Mc 12, 28-34

Quel est le premier des commandements ? C'est-à-dire, de toute la Loi et les Prophètes, qu’est-ce qui est fondamental, l’essentiel ? Question posée à Jésus de bonne foi. Cela n’arrive pas tous les jours, surtout venant de la part d’un scribe ! C’est aussi une question classique, à l’ordre du jour des débats théologiques et rabbiniques de l’époque.  Suivant les écoles, les opinions sur le commandement englobant étaient variées. D’aucuns estimaient que c’était la loi du Sabbat, d’autres le jeûne. Un certain Rabbin Hillel, renfermait tout dans cette phrase magnifique, empruntée : Ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse, ne le fais pas non plus à ton prochain. C’est là toute la loi. Le reste n’est que commentaire.

Le jeune Maître itinérant quant à lui donne une réponse tout à fait originale. Jésus ne détermine pas le plus grand commandement, mais il en donne deux, qu’il tient fermement comme un tout, de telle sorte qu’une entorse faite à l’un ébranle l’autre. Et ce commandement, il ira le puiser dans l’héritage scripturaire du judaïsme. D’abord, c’est une formule du Deutéronome qui revenait deux fois par jour dans la prière juive : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit (Dt 6, 5), qu’il double d’un précepte tiré du Lévitique: Tu aimeras ton prochain comme toi-même (Lv 19, 18).

Jésus met ces deux commandements sur le même plan. Pour lui, il n’y a pas deux amours, il n’y en a qu’un seul et l’impératif de l’Amour du prochain est posé comme vérificateur de la qualité de l’Amour pour Dieu. L’Amour du prochain devient ainsi la règle permettant de prendre la mesure de l’Amour que nous avons pour Dieu. Dans le beau texte sur le jugement dernier en Mathieu, il dira : Dans la mesure où vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l’avez pas fait. (Mt 25, 45). Saint Jean illustre bien cela dans sa première épître : Si quelqu’un dit : J’aime Dieu et qu’il déteste son frère, c’est un menteur ; celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne saurait aimer Dieu qu’il ne voit pas. (1 Jn 4, 20).

Aimer Dieu de toutes ses forces vitales, comme le recommande Jésus, c’est par-dessus tout entrer dans un dialogue continuel avec Lui, un dialogue de fils à Père, ou si vous voulez de Père à fils : Le Père qui donne gratuitement son amour miséricordieux, et le fils qui reçoit cet amour et le lui rend, dans et à travers l’harmonie de sa relation avec ses semblables qu’il doit aimer comme lui-même.

Aimer comme soi-même, c’est vouloir et rechercher pour l’autre ce que l’on espère pour soi même : ce qui fait que je suis plus humain.

Nul en effet ne se souhaite du mal, chacun de nous a ses aspirations profondes, ses besoins qu’il juge nécessaires pour sa réalisation humaine, son épanouissement : besoin de liberté, besoin de dignité besoin de tendresse, besoin d’aimer et d’être aimé, besoin d’absolu. Si telles sont nos aspirations, en tant que chrétiens, prêtres et futurs prêtres, ou simplement humain, c'est-à-dire capable de relation, nous ne pouvons pas prétendre être insensibles à ces mêmes aspirations qui habitent le cœur de chaque personne que nous rencontrons. Et le pas que le Christ nous invite à franchir, c’est de sortir des limites de notre égo pour répondre aux sollicitations de l’autre, avant même que celui-ci les manifeste, c’est de prendre le soin d’aller à la rencontre de l’autre dans sa condition particulière, simplement parce que nous avons découvert en lui l’image d’un Dieu qui nous invite à vivre de son amour.

Des hommes et des femmes ont bien saisi cela, et consenti le pas que le Christ demande : quand on dit Mère Teresa, Abbé Pierre, Sœur Emmanuelle, Jean Vanier, on sait bien ce que ça veut dire. Certainement il y en a dont l’histoire n’a pas su retenir le nom ou qui œuvrent discrètement, dans le silence. Ceux-là ont accompli le pas qui les introduit dans le Royaume.

Et nous, qu’avons-nous fait ? Que faisons-nous, et qu’allons-nous faire? Frères, ne nous contentons pas d’être simplement proches du Royaume, cherchons à y entrer, car c’est bien notre droit d’y être. Autrui en est le chemin, la porte et la clef.

30 mars 2012

homélie 012

1ers Vêpres/3ème Dim/Carême B/1 Co 2, 22-25

Chers frères en Christ,

A Corinthe, Paul avait dû revoir sa méthode de présentation de l’Evangile, loin des démonstrations rationnelles comme à l’aréopage d’Athènes, loin des réfutations vigoureuses des objections des juifs hostiles à sa prédication. Il savait bien que Corinthe était un foyer difficile, et qu’autant les juifs que les grecs allaient poser de sérieux obstacles à sa mission de prédication, les uns parce qu’épris d’actions spectaculaires, de merveilleux, les autres parce qu’estimant qu’il n’y a que les grandes théories et les grandes idées devant lesquelles les hommes restent bouche-bée, qui méritent crédit et considération. Alors il anticipe sur leurs velléités, en optant de leur présenter l’absurde, le contre-pied parfait des attentes des uns comme des autres. Paul ou l’art de choquer ! Contrairement à ce dont ces Corinthiens étaient dans l’expectative, Paul proclame un Messie sous le signe de la vulnérabilité, un Messie crucifié, exaltant la croix et la fragilité de Dieu, qui paradoxalement sont le signe de sa toute puissance et de sa sagesse.

Cette fragilité de Dieu manifestée dans la passion  du Christ et dont Saint Paul se fait le chantre chez les Corinthiens rencontrera non seulement l’indignation, mais aussi la réprobation  de ceux qui n’y voient que folie et scandale. Ce scandale est de tous les temps, et certainement refait surface aujourd’hui encore chez nombre de chrétiens, quand ils prennent conscience de la croix du Christ, de sa souffrance.

Il n’y a rien en effet de plus scandaleux et d’irrationnel, de plus contradictoire à l’idée d’un Dieu tout puissant, d’un Dieu sauveur, que cette image d’un homme suspendu entre ciel et terre, torturé par la souffrance, écartelé sur le gibet du supplice. Scandale et folie d’un juste condamné à une mort ignominieuse, scandale de la mort du juste abandonné entre les mains assassines des méchants, scandale du juste lançant son dernier crie vers son Père dont il se sent abandonné, scandale de la vie qui danse dans les bras de la mort, scandale du silence de Dieu qui regarde, écoute et se laisse faire, scandale et folie des disciples d’hier et d’aujourd’hui qui, au lieu de s’indigner devant cet acte odieux, se réjouissent du drame, allant même jusqu’à en faire un motif de fierté. Scandale de clamer et de proclamer cette croix comme étant le plus grand signe d’espérance qui soit offert à l’humanité, et d’y lier le salut de tout l’homme. Scandale et folie d’en faire le signe de l’Amour et de la sagesse de Dieu, le seul signe qui donne à l’homme la certitude que malgré les contingences de cette vie, malgré les épreuves et les non-sens apparents de cette existence, le mal et la souffrance n’ont pas le dernier mot sur l’homme, parce que nous sommes portés par l’Amour d’un Dieu qui veut nous arracher à toutes nos angoisses quotidiennes. La croix est le témoignage suprême du scandale du mal qui réussit bien et du bien qui a du mal à éclore. Mais en même temps, elle rend compte du mystère du mal qui en réussissant perd, et du bien qui en perdant triomphe.

C’est cela le paradoxe chrétien qui nous invite à reconsidérer notre conception de Dieu, à convertir chaque jour l’idée que nous nous faisons de Dieu : Il n’a pas besoin de mettre le monde à feu et à sang pour nous faire sentir sa puissance, mais il comprime sa présence aimante dans le visage de la fragilité. Il ne vient pas s’héberger dans les lacunes de nos pseudo-connaissances humaines, mais se révèle et se fait accueillir des esprits humbles, faibles, disposés à recevoir le mystère de la croix dans un cœur pauvre. Car en définitive, c’est à cela que l’apôtre nous invite. Inscrire la croix dans notre vie. L’accueillir comme une grâce de Dieu pour toute l’humanité. Oui, la croix du Christ est le plus grand signe d’espérance qui nous est offert, parce qu’elle est l’expression de la sagesse et de la force de Dieu dans le Christ qui nous dit : « Courage, j’ai vaincu le monde »

30 mars 2012

Homélie 011

Deuxième dimanche de carême B/

Gn 22, 1-2.9a.10-13.15-18 ; Rm 8, 31b-34 ; Mc 9, 2-10

Chers frères et sœurs en Christ

La transfiguration sur la montagne, dont nous avons écouté le récit, se situe à un moment crucial de la vie de Jésus, à une période de confusion et de découragement : ses discours désormais créent la polémique ; le conflit avec les chefs du peuple devient de plus en plus manifeste et les foules commencèrent à le déserter graduellement, jugeant ses prédications parfois trop solides à digérer.

Alors que s’approchent ses derniers jours, Jésus s’attache à préparer ses disciples à affronter avec foi et courage les événements qui couronneront son parcours terrestre, en leur disant ouvertement : « Le fils de l’Homme doit beaucoup souffrir, être rejeté par les chefs des prêtres et les scribes ; être tué, et, après trois jours ressusciter » (Mc 8, 31).

Le grand mystère que nous sommes amenés à contempler dans la liturgie de ce dimanche, a eu lieu six jours après cette annonce. Ce jour là, Jésus se retira dans la montagne, avec Pierre, Jacques et Jean. Sous leurs yeux, Jésus devient resplendissant d’une lumière étincelante et ses vêtements d’une blancheur que nul sur terre n’a jamais pu imaginer.

A travers la Transfiguration, Jésus révèle sa véritable identité à ses disciples, en leur donnant de contempler pour un instant sa gloire divine, confirmant ainsi la confession de Pierre: « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Tout comme cette confession de foi de l’apôtre, la transfiguration nous place devant la relation d’amour et d’unité intime et précieuse que Jésus  entretient avec Dieu: un rapport non seulement de fils, mais surtout de fils bien-aimé.

Comprise dans le sens des annonces de la Passion, la scène sur la montagne est pour les disciples et pour nous une annonce et une invitation à la confiance, que le Christ transfiguré est en même temps celui qui dans quelques jours sera défiguré par les tourments de la souffrance. Mais il est déjà et demeurera le Christ glorieux, vainqueur du mal et des ténèbres.

Devant le spectre de la mort que les disciples voyaient déjà se dresser devant leur maître, la transfiguration devient alors pour eux un moment de consolation, en projetant un éclairage nouveau sur le parcours du Christ, et aussi sur ce qui l’attend. Le message de cet événement important dans leur cheminement spirituel est bien clair : Même si un jour vous me voyez défiguré, frappé, humilié, tué, sachez que je suis toujours le fils bien-aimé qui donne sa vie par amour, conformément aux écritures.  

Dans ce sens, la présence de Moïse et d’Elie n’est pas anodine. Moïse et Elie sont deux icônes de la religion juive, deux amis de Dieu qui ont contemplé la gloire et la majesté de Dieu, deux hommes qui portent à eux seuls tout le poids de l’histoire de leur peuple. Si la loi juive est étroitement liée au nom et à la personne de Moïse, cet homme qui parlait avec Dieu face à face, Elie quant à lui était considéré comme le prophète par excellence, l’homme de feu, la figure mystérieuse qui doit revenir aux jours du Messie pour tout remettre en place. La tradition disait qu’il n’était pas mort mais qu’il avait été enlevé au ciel. La présence de ces deux figurent emblématiques du judaïsme constitue d’une part une attestation, une authentification de la mission de Jésus comme s’inscrivant dans la droite ligne de l’histoire du salut. D’autre part,  elle annonce que cet homme transfiguré est bien le messie dont la loi et les prophètes ont annoncé et préfiguré les souffrances.

Alors que les chefs du peuple le traitaient comme un contestataire, un schismatique, un contrevenant à la loi, un imposteur et un délinquant,  ce sont les deux piliers les plus officiels de la tradition juive qui sont ici témoins et associés à cette rencontre au sommet. Désormais, ils contemplent la gloire de la divinité en Jésus de Nazareth, venu non pas abolir la loi et les prophètes, mais les accomplir, leur donner un sens nouveau au feu du commandement de l’amour. Il est l’homme de la promesse, le messie annoncé, le fils éternel, rayonnant de la gloire qu’il tient d’auprès de son Père comme fils unique certes, mais aussi il agit dans la figure du serviteur de Dieu, dont le destin est fondamentalement lié à la souffrance.

Chers frères et sœurs, la lumière de la transfiguration éclaire la vie de Jésus certes, mais elle éclaire aussi chacune de nos vies. En elle, nous avons un avant goût de tout ce que Dieu en Jésus Christ réserve à toute l'humanité assumée et régénérée par le mystère de son Incarnation et de la Rédemption.  Elle est donc le gage de notre propre résurrection, quand le Christ ressuscité transformera nos pauvres corps mortels pour les conformer à son corps de gloire (Cf. Ph 3, 21). 

Dans le Ciel, la vision béatifique de la Gloire de Dieu dans le Christ et l’entrée dans cette gloire sont réservées à tous ceux et celles qui, durant leur vie sur terre, auront découvert en Jésus, toute la gloire de la divinité. Mais avant, nous sommes appelés à être transfigurés, transformés et purifiés dès ici bas, au milieu de nos sociétés.

Cela n’est possible que si nous écoutons ce fils bien-aimé nous parler chaque jour. La voix du Père est là, hier, aujourd’hui comme demain, qui ne cesse de nous y inviter : “De la nuée, une voix se fait entendre : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le”. Tout est là, contenu dans cette voix du Père. Il nous faut écouter la Parole, cette Parole incarnée qui donne vie et joie, mais qui dérange notre quiétude. Le Dieu caché n’a rien d’autre à nous offrir que ce Fils bien-aimé, sa Parole vivante. Alors écoutons-le. Que nous dit-il ? Il nous invite à redescendre de la Montagne pour aller dans la plaine, le milieu de vie des hommes, car c’est bien dans l’exercice consciencieux de nos tâches quotidiennes que se joue notre transfiguration future. Alors que nous aimerions parfois rester figer dans les instants de joie et de bonheur de notre vie, alors qu’avec Pierre nous sommes tentés de dire : “Seigneur, il est heureux que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes”, le Seigneur tourne nos yeux vers la vie ordinaire, même si parfois elle est monotone, même si parfois elle manque de saveur, de rythme, même si parfois elle est pour nous source d’angoisse. C’est là que nous sommes appelés à vivre l’évangile, à annoncer ce que nous aurons entendu du Christ. Nous sommes appelés à témoigner de notre foi dans un monde de plus en plus hostile à tout ce qui est parole de l’Eglise.

Ecouter ce fils bien-aimé, c’est entendre son appel à l’aventure de la foi. Combien d’hommes et de femmes se sont mis en marche en ayant entendu une parole qui a percuter leur cœur ? Notre vie de croyant est à l’image d’Abraham, ce grand marcheur vers un inconnu, poussé par le sentiment de prendre un chemin qui le conduira vers une terre de paix et de joie. Par deux fois il dira « me voici », même quand il lui fallait opérer le choix déchirant : immolé son fils unique bien-aimé. Nous aussi, sommes embarqués dans l’aventure de la foi avec ce Dieu qui n’a pas épargné son fils pour nous, parce que nous avons répondu « me voici », et à chaque foi que nous pouvons redire un « me voici » supplémentaire, dans des conditions parfois contraignantes pour nous-mêmes, et pour nos proches, nous faisons un pas de plus sur le chemin. Alors bienheureux celui qui a un cœur disponible pour entendre la Parole et les appels de Celui qui veut notre bonheur, même au risque de tout perdre : famille, amis, profession, estime des autres, etc. Ecouter la Parole et la mettre en pratique coûte en effet cher car elle signifie : renoncer, aimer, pardonner, perdre, tout quitter, bref, souffrir.

Pierre s’était indigné contre l’idée de la souffrance et de la mort du Christ, et Jésus l’a rabroué vigoureusement. Pierre n’a fait peut être qu’exprimer la réaction secrète, inavouée, de bien des chrétiens quand ils prennent conscience de la réalité de la Passion du Christ. Sans compter que Jésus ajoute que nous devons tous passer par là. Comme Pierre nous avons souvent du mal à reconnaître que le chemin de la gloire puisse passer par la souffrance. Nous refusons  de suivre ce chemin parce que nous avons peur de la croix. Et pourtant la condition posée par le Seigneur à ses disciples est là: “Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il porte sa croix et me suive”. L’Evangile de ce jour nous invite à le reconnaître : à l'image du Christ, nos vies sont des montées vers Jérusalem, et vers la gloire,  nos vies sont des chemins de croix : C’est par bien des épreuves qu’il nous faut entrer dans le Royaume de Dieu.

Alors, frères et sœurs, écoutons ce fils bien-aimé qui nous demande de dépasser toute peur et toute hésitation dans nos engagements et nos décisions, même si nous allons à contre-courant, car “si Dieu est avec nous qui sera contre nous?” Marchons à la lumière du Transfiguré vers la joie de sa pâques, dans la foi et la magnifique certitude que “rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu, qui est en Jésus Christ notre Seigneur!”, lui qui s’est livré en sacrifice pour nous. Ce n’est ni les souffrances, ni la détresse, ni l’angoisse, ni le dénuement qui pourra nous en séparer, qui détruira la marque du Christ sur nous. Et lorsque le découragement voudra nous abattre, sachons trouver des moments de prière et d’intimité avec Jésus transfigurer, pour y puiser la force de cheminer dans la foi et la confiance avec le Christ.

Que l’Eucharistie de ce jour nous donne la force et le courage nécessaires pour marcher toujours à la suite du Christ, pour porter nos croix quotidiennes à sa suite, afin de parvenir avec lui, à la gloire de la résurrection. Lui le vivant qui nous aime, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

 

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