Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Dieu est amour
30 mars 2012

Homélie 013

3ème Vendredi/Carême B/Mc 12, 28-34

Quel est le premier des commandements ? C'est-à-dire, de toute la Loi et les Prophètes, qu’est-ce qui est fondamental, l’essentiel ? Question posée à Jésus de bonne foi. Cela n’arrive pas tous les jours, surtout venant de la part d’un scribe ! C’est aussi une question classique, à l’ordre du jour des débats théologiques et rabbiniques de l’époque.  Suivant les écoles, les opinions sur le commandement englobant étaient variées. D’aucuns estimaient que c’était la loi du Sabbat, d’autres le jeûne. Un certain Rabbin Hillel, renfermait tout dans cette phrase magnifique, empruntée : Ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse, ne le fais pas non plus à ton prochain. C’est là toute la loi. Le reste n’est que commentaire.

Le jeune Maître itinérant quant à lui donne une réponse tout à fait originale. Jésus ne détermine pas le plus grand commandement, mais il en donne deux, qu’il tient fermement comme un tout, de telle sorte qu’une entorse faite à l’un ébranle l’autre. Et ce commandement, il ira le puiser dans l’héritage scripturaire du judaïsme. D’abord, c’est une formule du Deutéronome qui revenait deux fois par jour dans la prière juive : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit (Dt 6, 5), qu’il double d’un précepte tiré du Lévitique: Tu aimeras ton prochain comme toi-même (Lv 19, 18).

Jésus met ces deux commandements sur le même plan. Pour lui, il n’y a pas deux amours, il n’y en a qu’un seul et l’impératif de l’Amour du prochain est posé comme vérificateur de la qualité de l’Amour pour Dieu. L’Amour du prochain devient ainsi la règle permettant de prendre la mesure de l’Amour que nous avons pour Dieu. Dans le beau texte sur le jugement dernier en Mathieu, il dira : Dans la mesure où vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l’avez pas fait. (Mt 25, 45). Saint Jean illustre bien cela dans sa première épître : Si quelqu’un dit : J’aime Dieu et qu’il déteste son frère, c’est un menteur ; celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne saurait aimer Dieu qu’il ne voit pas. (1 Jn 4, 20).

Aimer Dieu de toutes ses forces vitales, comme le recommande Jésus, c’est par-dessus tout entrer dans un dialogue continuel avec Lui, un dialogue de fils à Père, ou si vous voulez de Père à fils : Le Père qui donne gratuitement son amour miséricordieux, et le fils qui reçoit cet amour et le lui rend, dans et à travers l’harmonie de sa relation avec ses semblables qu’il doit aimer comme lui-même.

Aimer comme soi-même, c’est vouloir et rechercher pour l’autre ce que l’on espère pour soi même : ce qui fait que je suis plus humain.

Nul en effet ne se souhaite du mal, chacun de nous a ses aspirations profondes, ses besoins qu’il juge nécessaires pour sa réalisation humaine, son épanouissement : besoin de liberté, besoin de dignité besoin de tendresse, besoin d’aimer et d’être aimé, besoin d’absolu. Si telles sont nos aspirations, en tant que chrétiens, prêtres et futurs prêtres, ou simplement humain, c'est-à-dire capable de relation, nous ne pouvons pas prétendre être insensibles à ces mêmes aspirations qui habitent le cœur de chaque personne que nous rencontrons. Et le pas que le Christ nous invite à franchir, c’est de sortir des limites de notre égo pour répondre aux sollicitations de l’autre, avant même que celui-ci les manifeste, c’est de prendre le soin d’aller à la rencontre de l’autre dans sa condition particulière, simplement parce que nous avons découvert en lui l’image d’un Dieu qui nous invite à vivre de son amour.

Des hommes et des femmes ont bien saisi cela, et consenti le pas que le Christ demande : quand on dit Mère Teresa, Abbé Pierre, Sœur Emmanuelle, Jean Vanier, on sait bien ce que ça veut dire. Certainement il y en a dont l’histoire n’a pas su retenir le nom ou qui œuvrent discrètement, dans le silence. Ceux-là ont accompli le pas qui les introduit dans le Royaume.

Et nous, qu’avons-nous fait ? Que faisons-nous, et qu’allons-nous faire? Frères, ne nous contentons pas d’être simplement proches du Royaume, cherchons à y entrer, car c’est bien notre droit d’y être. Autrui en est le chemin, la porte et la clef.

Publicité
Publicité
Commentaires
Dieu est amour
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Dieu est amour
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 8 320
Publicité