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Dieu est amour
30 mars 2012

Homélie 005

2 S 7, 1-5.8b-12.14a ; Rm 16, 25-27 ; Lc 1, 26-38

 

Chers frères en Christ, avec la célébration de ce dimanche, nous entrons dans la dernière ligne droite de notre marche vers Noël. Les textes de ce jour sont une invitation, un appel plus pressant à préparer l’accueil du Messie. Il nous est demandé aujourd’hui de penser à donner une demeure à Dieu.

Dans la première lecture, nous voyons David se préoccuper justement de trouver une demeure digne pour Dieu, une maison qui respecte son rang. C’était une ambition noble, que Nathan avait au départ encouragée. Mais il semble que la nuit porte conseil. Cela s’est prouvé effectivement, puisque le Seigneur confiera à Nathan un message pour David. Ce que tu as projeté de faire, c’est bien, mais désolé, n’est pas toi qui me bâtiras une maison, mais c’est moi qui te ferais un nom.

Et dans l’Évangile, nous voyons justement Dieu qui veut accomplir sa promesse de bâtir une maison pour David. Pour cela, il a besoin du concours non d’un roi,  mais d’une jeune fille de Nazareth. Nazareth, village qui n’a, dit-on, aucun enjeu sérieux pour la vie du peuple juif ! Nazareth, un de ces villages monotones, dont on attend que des faits divers et du mauvais !

Pourtant, depuis quelques temps, la petite bourgade sera le sujet et au cœur de tous les échanges. Nazareth remue et étonne. Et Nazareth s’étonne. C’est précisément dans ce village que l’Ange du Seigneur fut envoyé en mission auprès de Marie.

Marie : tout le monde la connait dans le village : douce, aimable et discrète, disponible et serviable, attentive et compréhensive, femme de foi profonde. Tout le monde connait aussi son fiancé : Joseph, fils d’émigrés de Bethléem, descendant de la famille de David. Le village entier les observe, les admire et se dit qu’ils vont à coup sûr former un très beau couple.

Mais depuis quelques temps, la jeune fille commence à raconter des faits extraordinaires « Un ange, dit-elle, m’a rendu visite. Sa salutation m’a beaucoup bouleversée. Il m’a dit : "je te salue, Comblée-de-Grâce." Je cherchais à comprendre pourquoi il plaisante ainsi avec ces paroles sérieuses quand Il a continué "Sois sans crainte, car tu as trouvé grâce devant Dieu. Tu concevras et enfanteras un fils que tu appelleras Jésus." Effrayée par l’idée d’une grossesse indésirée, et par la menace de la répudiation, du rejet et de la lapidation,  j’ai cherché à comprendre davantage à ce jeu : Je ne suis qu’une vierge ! Comment cela va-t-il se passé ? Quelle sera l’attitude de ma famille, de Joseph lui-même, de mes compagnes, des gens du village ? Alors il m’a encore assurée que l’Esprit Saint viendra sur moi et  que la puissance du très haut me prendra sous son ombre. Alors  je me suis engagée, affirmant ma disponibilité pour donner une demeure à Dieu.

Je suis la servante du Seigneur, qu’il m’advienne selon tes paroles, ai-je eu le courage de répondre à l’Ange. Je suis la servante de celui qui m’a tout donné. Dieu qui m’a tant enrichie, m’a permis aussi de donner à pleine mains jusqu’à me donner moi-même. Ma vie s’est muée en un dialogue ininterrompu avec mon Dieu, un long dialogue. Je ne sais peut être pas jusqu’où ira ce Oui que j’ai prononcé, mais j’ai le sentiment que cette attitude restera à jamais gravée dans la mémoire de l’humanité, et continuera de l’interroger. Toutes les races, toutes les langues en parleront et tous me diront bienheureuse pour avoir cru en la Parole de Dieu. »

Chers frères et sœurs, le Oui de Marie engage le destin de l’humanité entière. Et il est pour toujours gravé dans la mémoire de l’humanité et ne cessera de l’interroger, de l’interpeller au don de soi. Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta Parole : voilà la phrase au bout duquel était suspendu le destin de l’humanité. Et si Marie avait dit NON à l’Ange ? Vous est-il déjà arrivé de penser à cette possibilité ? Moi je n’y ai jamais pensé. Marie ne pouvait pas dire non, parce qu’elle était libre et cette liberté l’a conduite à accepter de devenir la Mère du sauveur. Car la vraie liberté, celle que l’homme a reçue à sa création consiste à faire la volonté du Seigneur.  

Marie a donc dit oui, et en elle, le Verbe s’est fait chair et il a demeuré chez nous. Dans l’incarnation du Verbe, nous sommes entrés dans la connaissance de Dieu. Nul n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique qui est tourné vers le sein du Père l’a fait connaître (Jn 1, 18). En Jésus s’est manifesté le vrai visage de Dieu qui est un visage d’Amour. C’est parce que Marie a accepté de donner dans son corps une maison au Seigneur que celui-ci est venu marcher sur nos routes pour nous révéler que Dieu est notre Père.

Chers frères, chères sœurs, l’Ange du Seigneur a porté l’Annonce à Marie ; nous n’en doutons pas. Mais avons-nous un jour pensé que l’Ange du Seigneur nous apporte, à nous aussi cette même annonce ? Dieu nous de lui ménager une demeure tout aussi réelle que celle offerte par Marie. Cette demande se fait beaucoup pressante alors que nous approchons de Noël. La voix du Seigneur est là, qui nous interroge : veux-tu être celui par qui mon Fils bien aimé viendra au monde ? Comme Marie, nous devons nous aussi apprendre à accueillir le Seigneur dans nos cœurs. Nous devons être des porteurs de Dieu et témoins d’espérance pour nos frères, surtout ceux qui souffrent, de la maladie, de l’abandon, ceux qui cherchent désespérément un sens à la vie. Toutes ces personnes marginalisée, qui manquent de joie de vivre, ces malades qu’ils soient à l’hôpital ou à leur domicile, les exclues, que nous rencontrons au hasard de nos promenades, sont autant de livre ouverts qui nous content la vie elle-même ; autant de Bibles dans lesquels nous devons apprendre l’appel que Dieu nous lance à être pour eux des hommes et des femmes qui leur annoncent l’espérance qu’apporte l’enfant de Noël.

Mais la voix de Dieu est silencieuse et discrète, la voix de Dieu se fait si humble que nous pouvons facilement ne pas l’entendre, et si faible que nous pouvons la mépriser sans nous rendre compte. Nous pourrons accueillir en nous l’Appel du Seigneur en nous recommandant à la prière de Marie.  Mais cela ne veut pas dire que Marie prie à notre place. Nous avons aussi notre part de responsabilité. Si nous ne faisons aucun effort, le Seigneur ne va pas nous forcer la main pour nous faire grâce. Pour arriver à discerner en nous les appels de la voix de Dieu, il nous faut nous mettre à l’école de Marie, contempler son signe qui nous est proposé en ce jour et toute cette semaine.

Le premier signe de Marie, c’est le silence, l’humilité et la discrétion. Quand on parcourt attentivement la Bible, on verra que Marie n’a parlé que 07 fois : Premièrement pour dire Oui au message de l’Ange de l’Annonciation, deuxièmement pour chanter son Cantique d’action de grâce au Seigneur, troisièmement pour faire le reproche à l’enfant Jésus de leur avoir causé du souci, et enfin aux noces de Cana, ou elle donne ce conseil aux serviteurs : Faites tout ce qu’il vous dira de faire » (Jn …). Marie est restée discrète tout au long de sa vie, et humble. Il me semble que nous vivons  dans une société qui est allergique au silence, une société qui vit au rythme du divertissement, où l’humilité est reléguée dans la sphère de la lâcheté. Il nous faut pourtant arriver à créer en nous le vide et le silence nécessaires pour nous laisser remplir de la présence de Dieu.

Et justement parce qu’elle parlait peu, Marie savait écouter. Le second signe de Marie c’est l’écoute. La foi naît et se nourrit de l’écoute de la Parole de Dieu. De Marie, Saint Luc écrit « qu’elle écoutait toutes ces paroles et les méditait dans son cœur. » (Lc 1, 38). Les vrais disciples de Jésus, ceux qu’il considère comme ses frères et ses sœurs, ce sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la garde (Mc 3, 35). À l’école de Marie, nous cultivons une grande familiarité avec la Parole de Dieu, en travaillant à créer autour de nous et surtout en nous des temps de recueillement, de lecture et de méditation de la Parole de Dieu. Ainsi nous pourrons discerner en nous la voix de Dieu qui ne cesse de nous parler. C’est bien à travers elle que nous puisons la force de vivre au milieu de ce monde ; elle est la lampe qui brûle et éclaire notre route.

Le troisième signe de Marie, c’est la confiance. Elle  est l’expression de notre foi et de notre adhésion au Christ, le témoin de notre espérance dans le Seigneur. La confiance et l’espérance sont deux articles bien rares aujourd’hui sur le marché des relations sociales. On dit bien que la confiance n’exclut pas le contrôle, mais la méfiance et la défiance sont devenues monnaie courante aujourd’hui. Sans comprendre grand-chose dans son dialogue avec le Messager du Ciel, Marie s’est engagée toute entière dans le projet de Dieu, avec cette confiance que le Seigneur reste fidèle à sa Parole. L’évangile de ce jour nous invite à raviver et à entretenir en nos cœurs la flamme de l’espérance et de la confiance au Seigneur qui comble tous ceux qui mettent  leur espoir en lui.

Enfin le dernier signe, c’est la disponibilité. Disponibilité pour Dieu, disponibilité pour le prochain. La foi et l’espérance qui nous cultivons dans l’écoute silencieuse et la confiance n’ont de sens que si elles disposent notre cœur à accueillir et à accomplir la volonté de Dieu. La disponibilité rime avec la charité, l’amour.

Quant à vous, lisez la Bible.

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